Le mot Zen évoque une variété d’idées dans notre culture. Cela semble exotique. En même temps, “Zen” est couramment utilisé comme adjectif pour décrire une sensation de détente (je me sens vraiment zen après mon massage) ou une compétence qui nécessite de la concentration (le zen et l’art de…). En fait, le mot lui-même dérive du mot chinois Chan pour signifier simplement la pratique de la méditation. Cependant, le Zen n’est pas n’importe quel type de méditation. Cela implique des outils et des techniques spécifiques, soigneusement conçus par essais et erreurs, sur des centaines d’années pour aider une personne à s’éveiller à sa vraie nature. Si vous lisez la littérature Zen, c’est-à-dire les histoires de maîtres et leurs disciples, typiquement rassemblées sous forme de koans (cas publics), vous pouvez voir souvent des preuves des efforts d’un enseignant pour trouver le bon outil pour éveiller ses étudiants ou une étudiante mendiant un maître pour leur donner le coup de pouce nécessaire pour « percer ». Qu’est-ce que tout cela? Quelle est cette percée, qu’est-ce que cela signifie de s’éveiller ?
Quel est le but de la pratique Zen ?
Alors que toute pratique de méditation peut entraîner l’esprit, peut entraîner une personne à mieux se concentrer ou à se détendre et à lâcher-prise les préoccupations et les tensions, en plus de ces avantages, le Zen a une intention spécifique. Cette intention est d’aider une personne à s’éveiller à sa vraie nature, à se voir clairement. Dogen Zenji, le maître de Zen qui a amené le Soto Zen au Japon, a dit :
Étudier la Voie, c’est étudier soi-même.
S’étudier soi-même, c’est oublier soi-même.
S’oublier soi-même, c’est être éclairé par la myriade de dharmas.
Être éclairé par la myriade de dharmas, c’est laisser tomber son propre esprit et son propre corps ainsi que ceux de tous les autres.
La myriade de dharmas se réfère ici à “toutes les choses du monde”. Lorsque vous vous oubliez, même la sensation du nez froid de votre chien contre votre main ou la vue d’une feuille flottant dans la brise, peut faire sortir votre conscience d’un état d’esprit ordinaire. L’état d’esprit ordinaire est celui où ce que nous voyons et entendons est conditionné par nos attentes et nos croyances plutôt que par ce qui est vraiment devant nous.
Quelles méthodes sont utilisées dans le Zen
Je ne peux pas énumérer ici toutes les différentes méthodes du Zen, mais il y en a quelques-unes qui sont universelles et quelques-unes qui sont très courantes. Voici les méthodes ou les caractéristiques qui doivent être présentes pour que quelque chose soit vraiment considéré comme une pratique zen.
• Zazen régulier (méditation assise)
• L’instruction d’une enseignante autorisée, adapté à l’individu
• Dokusan régulier (rencontres privées) avec ce enseignente
• Aspiration (l’attraction qui retient un étudiant dans sa pratique)
• Une Sangha (le groupe de personnes pratiquant sous la direction d’un enseignant, qui se soutiennent mutuellement dans la pratique et partagent leur énergie (joriki))
Il existe d’autres méthodes qui sont presque toujours présentes, mais leur importance, leur fréquence et leur rôle varient en fonction de l’école de pratique, de la propre expérience de l’enseignant et des besoins de ses étudiants.
• Zazen hebdomadaire avec la Sangha
• Discours publiques sur le dharma (teishos)
• Des périodes plus longues de pratique de Sangha allant d’une journée partielle (Zazenkai) à plusieurs jours (Sesshin) avec une variété d’activités (Zazen, Kinhin [méditation en marchant], chants, teishos, dokusan, travail physique etc.).
• Utilisation des Koans
Il existe des centaines d’autres techniques sur lesquelles un guide de Zen peut s’appuyer pour aider un étudiant à percer. Une bonnne enseignante présentera la technique appropriée en fonction de sa vérification de cet étudient pendant le dokusan. Un autre élément qui est un signe crucial de la pratique de Zen authentique est la joie. Cette pratique est difficile, voire parfois douloureuse, mais elle vous connecte à une profonde source de joie.
Le Zen peut-il être pratiqué sans professeur ?
Non.
L’une des caractéristiques de la pratique Zen est le dokusan, la rencontre privée entre une étudiante et un enseignant. Le but du dokusan est pour l’enseignant de vérifier l’état d’esprit de l’étudiant afin de guider sa pratique et de pointer les incompréhensions. C’est comme lorsqu’un médecin vérifie le pouls d’un patient avant de prescrire un médicament. Sauf qu’il n’est pas possible de se vérifier sans plusieurs décennies de pratique sous la direction d’un enseignant clair.
Alors que, de nos jours, de nombreuses personnes lisent des informations sur le Zen et essaient de pratiquer par elles-mêmes, elles inventeront invariablement des idées sur ce qu’elles ont lu qui les mèneront à des malentendus. En fait, même dans la littérature de Zen, on peut lire l’histoire de grands personnages qui ont commencé seuls, pratiquant pendant de nombreuses années, mais qui ont ensuite rencontré leur maître et découvert qu’ils avaient complètement mal compris. Bien sûr, cela se produit également sous la direction d’un enseignant. C’est une autre caractéristique de la pratique de Zen — d’être prêt à abandonner ce que vous pensez savoir sur la pratique et à réaliser “j’ai complètement tout mal compris!” J’ai moi-même vécu cette expérience 3 ou 4 fois au cours de mes trente-cinq ans et plus de pratique. Sans professeur, je n’aurais pas réalisé mon erreur.
Le Zen peut-il être enseigné virtuellement ?
Il y a une grande expérience en cours en ce moment qui pourrait répondre à cette question. En raison de la pandémie de coronavirus, les activités régulières en personne de la plupart des Sanghas étaient suspendues, interrompues ou reportées dans la plupart des pays pendant la majeure partie des deux dernières années et demie. Les Sanghas du monde entier ont commencé de se réunissent virtuellement, organisant régulièrement des Zazen, des Zazenkai et même des sesshins de plusieurs jours, avec des enseignants donnant des teishos et des dokusan via diverses plateformes virtuelles. Même-si plusieurs groups débutent des éventements en personne encore, il reste toujours plusieurs éventements virtuelle ou hybride.
Il semble évident que cette activité présente certains avantages real. Certainement c’est bien mieux que aucuns événements du tout. En fait, il présente certains avantages par rapport aux événements en personne en permettant à plus de personnes de participer malgré la distance ou les problèmes de santé. Il y a quelque chose de merveilleux à faire Zazen avec des gens du monde entier. De vraies rencontres, de vraies expériences peuvent être déclenchées via des plateformes virtuelles. Cependant, il ne fait aucun doute dans mon esprit que la rencontre en personne est porteuse d’une richesse d’expérience sensorielle très différente de la rencontre en ligne. Je peux penser à des dizaines d’expériences essentielles à ma propre pratique qui n’auraient pas pu se produire virtuellement.
Il y a aussi des questions d’équité qui doivent être prises en compte. Avec les avantages évidents : d’avoir accès à une enseignante, n’importe où vous viviez, de ne pas avoir à dépenser du temps, de l’argent et des gaz à effet de serre pour voyager, Y-a-t-il certaines personnes défavorisées (les nouveaux étudiants par exemple, ou ceux qui interagissent différemment avec la technologie?) Il faudra beaucoup de temps pour que cela devienne clair. En attendant, mon conseil est de profiter des opportunités virtuelles mais de rechercher un enseignant autorisé près de chez vous afin que lorsque la pandémie sera terminée, vous aurez également la possibilité de travailler ensemble en personne.